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Texte Libre

Dimanche 8 janvier 7 08 /01 /Jan 21:21

En guise de voeux pour cette nouvelle année

je vous propose le poème complet d'André Cayrel...

 

Ôde aux seins

 

 Seins
Gorges ceintes
Saintes gorges
Seins gorgés de sucre d'orge
Seins gonflés qui se rengorgent
Saints priant les soutiens gorges
Derniers remparts de la chair
Sanctuaire de prosélytes
Dont nuls ne s’échappent
Prison des frissons
Refuge et maintien pour la forme
Masques sans yeux pour sourds-muets intarissables
Instruments interdits pour musiques interdites
Fruits seins de nos illusions
Les premières gouttes de lait goûterons ici
Là le secret trouve asile même tombé en disgrâce
Exposées vulnérables
Ces formes jamais définitives
Sont gardées comme dans une armoire
Remplie de cotons et de voiles
Embaumées d’odeurs de femmes
Toute la sphéricité du monde
Concentrée dans ces creusets
Indubitable réalité matérielle
Et miroirs fantasmatiques
Qu'elles exhibent à la manière des médailles
Mais de celles qu'on méritent
Pour toujours tendres doux apaisants
Aperçus entre deux boutons déjà trop serrés
Dans un soutien encore adolescent
Ou nus cachés derrière un pull bleu en cachemire
Ou un T-shirt presque transparent
Tremblants légèrement
 Pointés vers un ciel ombrageux
Vers des mains invisibles
 On les devine si bien qu'on les voit
Qu'on les touche de loin
Et quand ce n'est plus l'été
Si cachés si enclos si enfouis
Qu’il faut du courage ou de l’imagination
On devine des frissons on devine des désirs
 On ne comprend pas
Figure de prouesse fendant les regards
On s’écarte d’eux avec douceur
Comme on le fait pour des somnambules
Ils sont la réalité éternelle et enviée
De nos différences
Certains sont pleins de vie et de douleur
D’autres pleins de larmes et de passion
Sautillants malléables imprévus
Rarement domestiqués ou siliclonés
Car ils perdraient leur nature même
L’ombre de loin la plus profonde
Se trouve au cœur des décolletés
Elle marque la frontière avec elles
La blancheur de certains éblouit
Et la nuit comme la lune ils se voient de loin
Ils tombent aussi avec aisance
Quand elles se penchent pour ramasser
D’autres fruits tombés à terre
Soupirants entre-eux dans une trouble émotion
Surtout s’ils sont honnêtes
Se soulevant et s'attirant aux très aimants
Ils s’amollissent comme la cire
Aux heures ardentes du soleil
Mais rien n’est plus sincère que ceux des baigneuses
Quand ils frémissent leurs rondeurs s’arrondissent
Quand la réalité les dépasse ils redeviennent eux-mêmes
Neutres et indifférents apaisant même les plus durs
Célestes et primordiaux
Leur raison première est l’émotion
Leur seconde l'opposition
L'ultime l'union
Provoquant l’étonnement émerveillé
Des garçons mais surtout des fillettes
Naturalité palpitante de la jeunesse
Idéale fermeté immatérielle imaginée jusqu’au délire
Toujours en apesanteur
Partagés et multiples
Pièces détachées de toute pudeur débordante
Démonstration de l’évidence et de l’éclat de l’éphémère
Sublimation du volume et de l’intervalle parfait
Proéminents à l’abordage mais sans rancœur
Nous ne les verrons plus quand nous serons morts
Les squelettes n’en ont pas
Il ne faut donc jamais baisser les yeux devant eux
Même s’ils semblent inaccessibles et brûlants
Sinon on rend gorge
Et tout au bout
On devient flou 

 

Sein satin

 

Bises Coquines,

Bonnie & Clyde.

Par bonnieandclyde29
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